BELLES DE NUIT ET NUITS BLANCHES

 Une présence très insistante

Certains d’entre vous sont malheureusement très au fait d’un problème survenant dans la nuit… la présence de femmes se prostituant devant leur porte…Malgré des améliorations ponctuelles, avec l’arrivée des beaux jours, l’inquiétude des riverains grandit. 

La prostitution est légale en France et contrairement à certains pays, elle se montre au grand jour…ou plutôt en pleine nuit dans notre quartier.

Le trafic d’êtres humains n’échappe pas à la mondialisation. La pauvreté grandissante de certains pays, le caractère inextricable des différents trafics (stupéfiants, armes) liés à celui-ci, le pire de tous, amènent sur nos trottoirs des filles, très jeunes pour certaines, nées très loin d’ici et qui n’ont rien à voir avec les « auto-entrepreneuses » exerçant à leur compte dans une relative discrétion.

Tout ce que savent ces étrangères, c’est qu’elles sont dans la légalité en vendant leurs charmes et qu’elles doivent les vendre à tout prix car elles ont des sommes pharamineuses à rembourser

( jusqu’à 50 000 euros) et des menaces graves sur leur tête et sur leur famille.

 

Que peut concrètement faire le citoyen victime collatérale de ce problème? 

La nuisance première est le tapage nocturne. Pourquoi ne pas faire comme certains riverains : commencer par parler avec ces femmes et leur dire qu’elles dérangent ce dont elles n’ont pas forcément conscience. Tenter de faire la part des choses même si c’est difficile (reliquats au fond de notre poubelle etc ).

Relever, le cas échéant, les plaques d’immatriculation des véhicules au moment où ils déposent les femmes si ces voitures sont manifestement celles des proxénètes. Faire intervenir la police dans certains cas : la visibilité des passes,( on ne peut l’accepter car cela doit rester de l’ordre de l’intime), la violence exercée par les clients sur les femmes, les rixes des femmes entre elles.

Contacter les associations de soutien aux personnes prostituées : vous avez été réveillé plusieurs fois par un fort tapage près de vos fenêtres, vous retrouvez des objets indésirables sur le pas de votre porte, signalez-le à I.P.P.O (Information Prévention Proximité Orientation) tel : 0556922537 ippo@orange.fr. Les bénévoles viendront rencontrer les femmes au cours d’une de leurs maraudes nocturnes et leur expliqueront vos griefs et la nécessité de se faire discrètes et plus soigneuses.

 

 

Quelles sont les actions des associations et des pouvoirs publics ?

 

Nous voudrions tout d’abord revenir sur l’importance des interventions d’I.P.P.O: elles ne favorisent pas la prostitution; si elle cessait de distribuer préservatifs, conseils et boissons chaudes, les prostituées ne s’éloigneraient pas pour autant de vos fenêtres.

Quand les passes se font moins visibles, les tenues un peu moins provocantes, les déchets un peu moins présents sur la voie publique, c’est grâce à l’intervention de cette association qui explique et réexplique aux femmes la nécessité de modifier leurs comportements, de respecter le voisinage. Créant une relation de confiance avec les femmes, les intervenants font de la pédagogie auprès d’elles…Leur proposant aussi un accueil de jour, ils aident certaines à s’extraire du trottoir et plus important encore, à porter plainte contre leur proxénète. Seule la plainte constituée d’une prostituée peut aboutir à la mise sous les verrous de ceux et celles qui les exploitent ainsi qu’au démantèlement d’un réseau. C’est pourquoi l’action de cette association est absolument essentielle et pour les citoyens et pour les prostituées; elle est sans cesse à reprendre car, hélas, les réseaux se renouvellent très rapidement …

Depuis quelques mois, les associations de quartiers touchés par ce problème se sont régulièrement retrouvées à la Préfecture au côté des associations de soutien aux prostitué(e)s, avec des représentants de la mairie et des forces de l’ordre pour des réunions présidées par le préfet délégué à la sécurité. La volonté commune d’améliorer la situation est là mais le problème tentaculaire, la marge de manœuvre infime. La police ne reste pas inactive : agissant toujours dans un cadre légal qu’elle ne peut outrepasser, elle a opéré, ces derniers mois, 150 interventions qui vont du rappel à la loi des clients ou des filles pour exhibition sexuelle à l’arrestation de proxénètes en passant par des interpellations pour délit de racolage.

En attendant que soit votée à l’automne une nouvelle loi sur la prostitution qui viserait à décourager la clientèle, les associations de quelques quartiers de Bordeaux réitèrent leur demande au Préfet et à la ville d’éloigner la prostitution vers des zones inhabitées, sécurisées, éclairées. C’est la moins mauvaise des solutions; il n’en existe pas de bonne; ce serait un moindre mal pour les habitants qui aspirent à dormir sur leurs deux oreilles et ne veulent plus être témoins d’actes sexuels et pour les prostituées qui pourraient continuer à exercer dans une sécurité acceptable.

 

Une prostitution qui s’inscrit dans la consommation de masse ?

Si certains hommes – qui recourent à des prostituées – prenaient conscience qu’ils sont le maillon sans qui le problème n’existerait pas, les choses évolueraient. S’ils se posaient quelques bonnes questions, s’informaient des conditions de la présence de ces femmes chez nous, ils auraient honte de participer à un trafic aussi scandaleux et s’abstiendraient. Certaines associations comme le Nid ou le Cri travaillent en amont, au collège, au lycée, dans les centres sociaux, à cette prise de conscience.

N’oublions cependant jamais que nous sommes la société et que nous sommes responsables de l’éducation de nos jeunes. Elever nos garçons dans le respect des filles est primordial. Car sur les trottoirs du boulevard Albert 1er si les prostituées sont étrangères, leurs clients, jeunes, vieux, en couple ou non, sont bien de chez nous.

Notre rutilante société de consommation qui appelle chacun à satisfaire ses désirs de manière aussi immédiate qu’irréfléchie est pour quelque chose dans l’attitude des clients. Et par ailleurs, malgré leur colère, des riverains témoignent de leur empathie pour ces jeunes femmes traitées par leurs clients comme autant d’objets bas de gamme à consommer et à jeter.

Une dernière réflexion avant de céder la parole au poète Georges Brassens: pourquoi certains quartiers sont-ils totalement épargnés par ces nuisances et d’autres tenus de vivre avec? On en revient à cette interrogation : certains territoires de la ville sont-ils moins bien traités que d’autres ?

 

Bien que ces vaches de bourgeois

Les appell’nt des filles de joie

C’est pas tous les jours qu’ell’s rigolent

Parole, Parole,

C’est pas tous les jours qu’elles rigolent

 

 

 

DU VIVRE ENSEMBLE… AU BIEN VIVRE ENSEMBLE

 Nos édiles désirent faire de notre agglomération une cité millionnaire pour jouer dans la cour des grands dans un contexte de mondialisation. Or, faire vivre en situation de proximité et non de promiscuité, un million de personnes ne relève t-il pas d’une certaine utopie ?

 

En effet, le mouvement Slow Town (« ville lente » qui émane du mouvement Slow Food, venu d’Italie) présente la ville idéale à l’échelle de 60 000 habitants, ce qui selon lui assurerait la proximité nécessaire à la constitution du fameux lien social, garant du respect et de la solidarité. Comment donc reproduire ce modèle idéal à l’échelle du million d’habitants ? 

 

Pas un colloque, pas un évènement sur la ville et ses dysfonctionnements sans qu’on ne réfléchisse sur les moyens à mettre en œuvre pour assurer le « bien vivre ensemble ». D’EVENTO, l’art au service d’une ré-évolution urbaine, à la dernière rencontre « imaginer votre quartier en 2030 », les habitants sont invités à « habiter autrement  la ville» car le modèle actuel ne répondrait pas aux attentes et contraintes de la ville millionnaire.

 

Peur du chaos, d’un débordement, d’un cadre de vie menacé, de l’exclusion des plus fragiles… ou exercice de communication visant à nous faire accepter la métropole à échelle européenne? 

Quoi qu’il en soit, il va falloir trouver les solutions pour que la ville ne soit pas asphyxiée par sa densité (Bordeaux devrait gagner 100 000 habitants en 2030); pour que la vie dans nos quartiers reste de qualité, mais aussi accueillante pour les nouveaux habitants.

 

A nous d’être imaginatifs, porteurs de propositions, vigilants quant aux évolutions à venir, solidaires et respectueux des uns et des autres.

 Article paru dans le journal Cauderes n° 24

 

EDITO : DE LA SOLITUDE …..AUX SOLIDARITES

 C’est autour d’une galette des rois, que se sont réunis responsables politiques et associatifs pour désigner 2011 comme année de lutte contre la solitude. Présenté par la ministre des solidarités Roselyne Bachelot, le constat est sans appel : près d’un habitant sur 2 souffre de solitude qu’il soit jeune ou âgé , citadin ou rural, riche ou pauvre et les remèdes sont encore à développer et à imaginer.

Fléau de nos sociétés modernes, révélateur d’une société plus individualiste et égoïste, où la part du collectif a été réduite au profit d’une plus grande liberté de l’individu (qui s’en plaindrait ?), cette solitude, trop souvent subie, s’accompagne d’une réelle souffrance, liée à différents maux : éloignement géographique, liens familiaux distendus, ruptures familiales, chômage, maladies invalidantes…

C’est cet appel à la solidarité et à l’imagination que les élus ont lancé aux associations présentes qu’elles soient de premier plan comme la société de Saint Vincent De Paul qui sur le terrain assure un soutien efficace et continu auprès des plus démunis ou beaucoup plus modestes comme les associations de quartier qui animent une solidarité de « pas de porte ».

Du vivre ensemble au « mieux vivre ensemble » c’est une solidarité de proximité, que nous sommes tous invités à décliner pour rebâtir du collectif…. Ainsi, les associations ont le vent en poupe, de plus en plus courtisées mais aussi de plus en plus sollicitées pour apporter ce fameux lien social. Et si cette solidarité n’était pas tout simplement l’affaire de tous ?

Et si ce besoin de lien et de partage ne pouvait pas trouver satisfaction dans nos commerces de proximité qui ne sont pas que des lieux marchands ou dans nos espaces publics qui ne sont pas que des lieux de passage ou encore, à notre porte même, dans une solidarité de voisinage ?

A nous, associatifs, d’encourager toutes ces formes de rencontre…..à vous de vous les approprier !

RENDEZ-VOUS au jardin d’Ars (près du Mac Do) le 9 septembre lors du pic-nic des quartiers à partir de 19H à un Apéro-concert offert par Cauderes et l’association de commerçants de la barrière de Toulouse.

 

 Article paru dans le journal Cauderes n° 23

… OU L’ON COMPREND QU’IL VAUT MIEUX S’ADRESSER AU BON DIEU QU’A SES SAINTS…

 

Nous nous sommes retrouvées par hasard boulevard Albert 1er, toutes deux plantées devant la souche-poubelle, attirées par la vision aussi déplaisante que surprenante de celle-ci – dressée comme un moignon devant la petite chapelle. Consternée, la religieuse me dit « ce n’est pas malheureux de voir ça ? » « C’est lamentable, mais pourquoi l’a t-on coupé ? » Elle l’ignore ; et tandis que nous évoquons le bel arbre que nous avions connu à cet endroit, j’indique la chapelle. « Au moins elle, elle tient le coup » et je pense à la bâtisse de belle allure qui a fait place à cette masse de béton, et dont la chapelle est une sorte de fantôme, de souvenir attendrissant. « On va la raser » dit-elle avec un regard mélancolique, « c’est nécessaire pour agrandir la maison de retraite, nous a-t-on dit. » Je compatis ; elle est désolée… Tout ce que représente cette chapelle pour elle …« Ca nous fait mal au cœur mais on ne peut faire autrement, ce n’est pas rentable. »

J’ai consulté par la suite le projet de permis de construire « l’augmentation de la capacité d’accueil est vitale du point de vue économique pour l’établissement » : de 62 lits actuellement, « ils » vont passer à près de 100.

Dans un élan de sympathie et de colère – encore un élément du patrimoine de notre quartier qui sera sacrifié – « mais ne pouvait-on pas l’empêcher ? il me semble que c’est vous les Sœurs qui décidez, alors si vous ne voulez pas…» « On a essayé mais en haut lieu – elle lève une main vers Paris ou vers le ciel –  ils n’ont pas voulu, ils disent que c’est indispensable ; on a même fait une pétition ! »

Une pétition ! à qui ? Sûrement pas au Bon Dieu ! Mais pourquoi les Sœurs ne nous l’ont-elles pas fait passer, cette pétition ?!  Nous l’aurions signée plutôt deux fois qu’une, et sans doute avec nous bien des gens du quartier !

On ne peut faire autrement que « les » croire sur parole. Et pourtant, je m’étonne : « ils » viennent de s’apercevoir que ce n’était pas rentable, ou c’est pour mieux nous faire avaler la pilule qu’ils rasent en deux temps, à quelques années d’intervalle ? Le résultat est que c’est près de 100 mètres de façades qui vont apparaître sur cette séquence des boulevards.

Qu’on ne vienne pas nous dire que nous ne souhaitons pas que les personnes âgées puissent continuer de vivre dans leur quartier, mais on pouvait faire mieux que ça, non ?

En passant devant la chapelle, jetons lui un dernier regard nostalgique en attendant les premiers coups de pelle.

Article paru dans le journal Cauderes n° 20
 

 

J’ai une idée !

A l’heure où les chiffres sur le surpoids et l’obésité tombent et alarment nos politiques, ici barrière de Toulouse, tous nos élus se réjouissent que le « mac-do-mac-drive »marche et fonctionne bien ! Ce sont pourtant les mêmes qui vont voter les lois et nous bombardent toute la journée de « mangez léger-bougez … etc »

Au fait fonctionne-t-il si bien ? Sans doute que oui, à voir le monde certains soirs et à subir les odeurs qui envahissent nos rues et nos petits jardins. Tellement attirant que les clients s’y précipitent et en ressortent en faisant fi des règles élémentaires de prudence. Un sur trois effectue un demi-tour hasardeux, coupant ainsi la ligne blanche continue pour éventuellement piler in extremis devant un piéton empruntant le passage protégé.

On ne va tout de même pas punir les infractions à la sortie du mac-drive, au cas où les consommateurs iraient ailleurs !

Mais il existe peut-être une solution, si on avait de vraies pistes cyclables on pourrait, ici, à la barrière de Toulouse inventer le « MAC-BIKE » et chaque client pourrait aussitôt brûler les vilaines calories absorbées. Tout le monde serait content, les partisans des pistes cyclables comme ceux du hamburger-frites !!!
Article paru dans le journal n° 20

STATIONNEMENT TOUJOURS

Le quartier dispose d’un parking de proximité destiné aux clients des commerces de la barrière. Mais où est-il- donc? Le savez-vous ? Dans le sous-sol du Mac Do ! 

         Un seul de nos commerces a affiché l’existence de ce parking et c’est dommage qu’il soit sous utilisé. Si les automobilistes se garaient là le temps de leurs emplettes barrière  de Toulouse, il serait moins difficile de descendre des bus  20-21 entre les voitures garées sur l’arrêt.

Parfois, il n’y a plus une place disponible dans la rue Armand  Lamarque… même sur le trottoir.  Et  ces camions et voitures de location garés sur les trottoirs ou sur le domaine public occupant impunément des places de stationnement des journées et des nuits entières !


Article paru dans le journal Cauderes n° 19

LA NUIT, TOUS LES CHATS SONT GRIS ….

Dès la tombée de la nuit, les boulevards se vident un peu et tentent de recouvrer cette quiétude d’un lieu de circulation calme, si tant est que cela puisse se faire…


Car, dès les douze coups de minuit, les belles de nuit font leur apparition. Et quelle apparition !


L’abribus et les quelques trottoirs longeant le boulevard Roosevelt servent de vitrines bien sordides à un trafic de corps. On aura tous reconnu le problème de la prostitution qui refait surface régulièrement, et pour des périodes plus ou moins longues, sur nos trottoirs. Etre témoin  d’une exploitation, voire d’un esclavagisme humain, me gêne à plus d’un titre.


Tout d’abord, les jeunes enfants et les miens en particulier ne tarderont pas à poser la question fatidique qui appelle une réponse la plus juste et délicate possible. Ce n’est jamais simple d’expliquer à de jeunes enfants, pétris de contes de fées et de belles princesses, que des jeunes femmes sont obligées, pour vivre, de vendre leurs corps avec tous les risques que cela comporte, risques sanitaires d’abord et sécuritaires ensuite.


Ensuite, le ballet incessant des voitures s’arrêtant à fréquence régulière augmente la pollution sonore des boulevards, la nuit, alors que l’on pourrait espérer un peu de calme, dans une tranche horaire où l’on aspire au repos.


De même, cette présence féminine peut parfois mettre mal à l’aise, malgré les plaisanteries de façade, les amis que l’on raccompagne à la porte après une soirée conviviale et sympathique.


Enfin,  cette activité qui se déroule sous nos fenêtres me donne l’impression d’être la complice passive d’un trafic illégal et générateur d’une détresse humaine et sociale difficile à réparer. L’assistance des associations spécialisées dans l’accueil et le suivi sanitaire de ces populations est une maigre consolation, car les témoignages entendus sur le sujet révèlent la souffrance et la dépendance extrême qui les amènent à « travailler », non pas pour elles-mêmes, mais pour des escrocs, manipulateurs et indifférents à la dignité humaine.


Alors, que faire ? Se plaindre auprès de la Mairie ne permettra que de déplacer le problème un peu plus loin et ne résoudra en rien les problèmes de fond qui sont ceux de la misère économique.


Le « plus vieux métier du monde » n’est sans doute pas prêt de disparaître et nos trottoirs seront encore occupés, ici et là, dans les mois et années à venir.


L’autre soir, en rentrant un peu tard, je mets la clef dans la serrure et machinalement me retourne  vers la rue. Je croise son regard …Elle est très jeune.