CAUDERES UTOPISTE ?

 

Dans le débat sur la restructuration de la route de Toulouse qui oppose associations de riverains, de piétons, d’handicapés et de cyclistes aux élus de notre quartier et à certains commerçants, les associations ont été qualifiées d’ « utopistes ».

 

  • Est-ce déraisonnable de demander que le bus qui roule en site propre depuis Villenave bénéficie de ce couloir dans cette section de Bordeaux où le trafic est le plus dense et garde ainsi une vitesse commerciale satisfaisante pour ses usagers et attractive pour ceux qui hésitent encore ?

  • Est-ce utopique de penser que la circulation des cyclistes soit sécurisée à la barrière où le danger est le plus grand pour permettre à tous d’adopter ce mode de déplacement pratique et gratuit ?

  • Est-ce être sectaire de privilégier les piétons et plus particulièrement les personnes âgées, jeunes enfants et handicapés dans leur cheminement en leur réservant un espace unique dégagé de tout obstacle ?

  • Est-ce idéaliste de penser que le parking souterrain du mac Do aujourd’hui sous-utilisé serve aussi de parking de proximité et que soit tenue la promesse jadis faite aux commerçants par le gérant et les élus pour préparer la venue du drive ?

  • Est-ce irréaliste de croire que les automobilistes au lieu de s’arrêter juste devant un commerce pourraient stationner à 20 m, même pour y faire des achats d’appoint ?

  • Enfin, est-ce idéaliste de préférer une circulation apaisée dans le quartier pour que chacun vive mieux et parce qu’il faut dès maintenant anticiper un pétrole que l’on sait à l’avenir rare et cher ?

 

Nos élus révèlent dans cet aménagement une vision de l’avenir délibérément tournée vers le passé. Ont-ils oublié que les « utopies d’aujourd’hui sont les réalités de demain » ? .

Article paru dans le journal Cauderes n° 21

 

LE NOUVEAU PROJET DE RESTRUCTURATION DE LA ROUTE DE TOULOUSE A LA BARRIERE

 

Après un premier projet de restructuration de la route de Toulouse avorté, Monsieur Fabien Robert, accompagné d’Alain Moga, nous a présenté mi-février un nouveau projet aussitôt rejeté par les associations représentant les piétons, les handicapés et les vélos et également par Cauderes.

 

Comme au regard de la loi (voir plus loin), ce premier projet était dans l’illégalité car ils avaient « oublié » les pistes cyclables, ils ont eu l’idée géniale de les mettre sur les trottoirs avec les piétons et ceci sur le trottoir longeant le mac-drive. Dans la direction Bordeaux-Villenave d’Ornon , rien n’est prévu, les cyclistes devront circuler à leurs risques et périls comme aujourd’hui.

 

Ce projet répond à la même logique du « tout automobile » laissant quelques miettes de l’espace public pour les déplacements doux. Or, Les associations de « droits du piéton » représentant aussi les handicapés ainsi que celles défendant les intérêts des cyclistes (vélocité) rejettent ce genre d’aménagement qui par expérience est d’autant plus inconfortable pour les vélos et dangereux pour les piétons, notamment pour les malvoyants et les jeunes enfants, qu’il se fait à hauteur de commerces et qui plus est avec une piste cyclable étroite (inférieure à 1,20m).

 

De plus, ce projet traduit une méconnaissance totale du terrain :

 

Imaginez un peu la circulation des vélos sur le trottoir avec les piétons au droit de l’entrée et sortie du Mac-Drive, sur le trottoir de Speedy où le piéton est déjà obligé de se faufiler entre les voitures si non de descendre sur la chaussée. Et que dire de ce qui se pourra se passer devant la terrasse de la pizzeria et l’étal extérieur de la marchande de légumes !

Nous avons fait quelques photos édifiantes de la situation actuelle que vous pouvez retrouver sur notre blog.

 

En outre, nous avions demandé des plateaux pour sécuriser les passages piétons et notamment celui au droit du mac-drive particulièrement dangereux. Ils ont été refusés et rien n’est prévu pour sécuriser ce passage piéton si ce n’est le prolongement du « haricot »

En revanche ces plateaux sont proposés sur les rues adjacentes où pour la plupart, leur utilité est contestable.

En ce qui concerne les bus, le couloir en site propre a totalement disparu et ceux-ci vont continuer à s’engluer dans une circulation très ralentie aux heures de pointe.

 

Enfin, nous avions demandé que ce projet intègre une réflexion sur l’ensemble des déplacements dans le quartier car de nombreux riverains se sont plaints d’une circulation anarchique et inadaptée à la dimension des rues adjacentes en raison d’un report de circulation de la route de Toulouse sur ces voies. A ce titre, un collectif de riverains, las d’une situation particulièrement grave au carrefour de la rue Ladous / Bossuet / C.Mendes (5 accidents en quelques mois) et de la circulation de véhicules sur le trottoir de la rue Louis Cabié, est intervenu auprès des élus.

 

Or, ce projet n’intègre pas ces paramètres et reste uniquement cantonné à l’aménagement de cette portion de la route de Toulouse apportant une réponse très limitée aux problèmes de circulation du quartier.

 

 

CE QUE DIT LA LOI

 

 

Face à la congestion des villes et à ses conséquences négatives en matière de santé publique, les décideurs ont pris conscience de la nécessité de revoir les modèles de déplacements classiques liés au « tout automobile ». Ils prônent de nouveaux modèles favorisant le développement des déplacements « doux » (transports publics, usage du vélo et promotion de la marche à pied). Ils ont ainsi légiféré (loi sur l’air de 1996) et adopté des plans de déplacements urbains revisités par la loi S.R.U.

 

La loi sur l’air, dénommée « Laure » s’applique aux agglomérations urbaines à compter du 1er janvier 1998. Elle a été codifiée dans le code de l’environnement à l’article L. 228-2:

 

«  A l’occasion de réalisations ou de rénovations de voies urbaines, à l’exception des autoroutes et des voies rapides, doivent être mises au pont des itinéraires cyclables pourvus d’aménagements sous forme de pistes, marquages au sol ou couloirs indépendants, en fonction des besoins et contraintes de la circulation. L’aménagement de ces itinéraires cyclables doit tenir compte des orientations du plan de déplacements urbains, lorsqu’il existe. »

 

Les six orientations du plan de déplacements urbains de Bordeaux :

 

-La diminution du trafic automobile,

-Le développement des transports collectifs et des modes économes et les moins polluants (marche à pied, vélo),

-L’aménagement et la gestion du réseau principal de voirie en l’affectant aux différents modes de transports,

-L’organisation du stationnement sur le domaine public, sur voirie et souterrain,

-La réduction de l’impact sur la circulation et sur l’environnement du transport et de la livraison des marchandises,

-L’encouragement pour les entreprises et les collectivités publiques à favoriser le transport de leur personnel par l’utilisation des transports en commun et du covoiturage.

 

Les résultats attendus sont :

 

-Une amélioration de la qualité de notre environnement en mettant en place un programme ambitieux en faveur des deux roues et des piétons.

-Une amélioration des performances du système des déplacements

-Une amélioration de la solidarité d’agglomération.


Les actions à initier :

 

La thématique « sécurité routière » est renforcée par la loi « solidarité et renouvellement urbains » de décembre 2000 (loi S.R.U.) qui préconise le partage modal équilibré de la voirie, les actions 4.8 et 4.9 constituant une des clés de voûte du P. D. U.

 

4.8 Ne pas affecter plus de 50% du domaine public ou privé routier aux modes motorisés (circulation, stationnement et transports en commun hors site propre) pour toute création de voie urbaine hors contrainte particulière ;

 

4.9 Envisager pour toute voie nouvelle ou toute voie réaménagée des règles de partage physique de l’espace attribué à chacun des modes de déplacement (vélos, piétons, voitures) dans la limite de la règle précédente (50-50) si les contraintes le permettent et les conflits d’usage le nécessitent.

 

Article paru dans le journal Cauderes n° 21 

 

CE QUE DECLARENT NOS ELUS « L’APPEL DE BORDEAUX » EN FAVEUR DU VELO

 

Lors du « CYCLAB », première grande rencontre internationale sur le futur du vélo proposé par la ville de Bordeaux qui s’est tenu le jeudi 4 février, la mairie de Bordeaux a lancé un appel audacieux :

 

« Nous appelons à la généralisation des choix et des engagements en faveur du vélo.

Nous souhaitons que le développement de l’usage du vélo soit une nécessité qui, rapidement, s’impose à tous les décideurs. Persuadés que les transports actifs apportent des réponses aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques du 21e siècle, aux questions de pollution atmosphérique, de bruit, de pathologies, de pouvoir d’achat des ménages, de difficultés budgétaires des collectivités territoriales, d’érosion du lien social, nous appelons à :

  • une refonte du code de la route pensé pour les transports passifs qui ne correspond plus à l’émergence du vélo et à son développement. Le nouveau code devra faciliter l’usage du vélo et sécuriser les cyclistes, la coexistence entre les modes de déplacement s’appuyant sur un partage de l’espace urbain et l’accès de tous, des jeunes comme des seniors, à la pratique du vélo,

  • l’inscription du vélo dans la définition des politiques urbaines, notamment son intégration systématique dans la voirie, permettant aux transports actifs de s’effectuer de manière sûre et efficace,

  • la production de nouveaux vélos, grâce à l’innovation industrielle proposant des vélos confortables, sûrs et d’un prix accessible aux plus grand nombre, fruits d’une collaboration active entre la recherche et l’industrie.

  • Choisir le vélo au quotidien dans les différents déplacements urbains et interurbains afin de conjuguer santé, équilibre personnel et plaisir de ville. »

 

Et maintenant on fait quoi ?

 

Tous les éléments sont donc réunis pour qu’un bon projet émerge des cartons des services de la CUB : lois (LAURE, S.R.U.), plan de déplacement urbain, rencontres, déclarations, concertations….or le projet est plus que décevant car déjà caduque au regard des dispositions en vigueur alors qu’il nous engage pour de nombreuses années: Frilosité de nos élus, engoncés dans leurs vieux schémas, essayant de contenter les intérêts divergents, pour aboutir à un compromis hasardeux qui au final n’ est guère mieux que l’aménagement actuel.

 

Nous ne voulons pas d’une « double peine » : à la sortie illégale du mac-drive, à la traversée piétonne particulièrement accidentogène au droit de ce dernier, ne rajoutons pas la cohabitation dangereuse des piétons et vélos. Messieurs les élus, réglez d’abord ces problèmes de sécurité que vous avez induits par vos autorisations aveugles (entrées et sorties du Mac-drive) avant de vouloir voir plus grand et dépenser inutilement l’argent du contribuable bordelais.

 

Prenez le temps de la réflexion, d’une véritable concertation autour d’un schéma de circulation cohérent concernant tout un quartier. Abstenez-vous du vite fait, mal pensé pour de quelconques enjeux électoraux. …..

 

Il vaut mieux ne rien faire que mal faire… en attendant des jours meilleurs où l’intérêt général primera sur les intérêts particuliers et où les modèles de pensée auront quelque peu évolué.

 

Est-ce absurde de tabler sur une évolution positive des mentalités en matière de civisme dans l’espace public et de souhaiter des aménagements y encourageant les citoyens ?

Article paru dans le journal Cauderes n° 21

Teaser Non au Mac Drive

Le film est disponible à l’Utopia sous format informatique donc apporter une clef USB avec un espace libre de 2 Giga et une pièce de 2 euro

PETIT BLOG DEVENU GRAND

Dans notre dernier numéro, nous vous annoncions fièrement la naissance de notre petit blog association.cauderes (à ne pas confondre avec son cousin quartier.cauderes).

Certains d’entre vous nous ont fait l’honneur d’aller le voir… puis ils y sont retournés, petit blog n’avait pas bougé, pas grandi… un peu déçus, pouvaient être les visiteurs.

Nous avons maintenant la joie de vous annoncer qu’il a poussé, changé, mûri, que c’est un grand, qu’il répond à vos questions, aborde les sujets que ne peuvent absorber nos deux gazettes annuelles, se diversifie et vous proposera bientôt un lien avec son grand frère… le site de Cauderes.

Alors allez-vite le consulter, nous donner des retours et n’hésitez pas à y revenir régulièrement.
Article paru dans le journal Cauderes n° 20

Des landes à l’océan …..tout près de chez nous !

La maison de retraite du Sablonat va faire l’objet d’un agrandissement substantiel sur le boulevard Albert 1er et le traitement du toit terrasse du nouveau bâtiment  tel qu’il est décrit dans la notice paysagère invite les pensionnaires à une promenade océane des plus poétiques…

 

Ainsi , le jardin Est, profite d’une exposition très ensoleillée, d’une largeur disponible assez important e, ainsi que d’une distance relative par rapport au Boulevard Albert 1er. Il offre la possibilité d’aménager un paysage connu de tous : LA LANDE

 

« Les jeux d’ombre et de lumière des Pins animent une promenade se faufilant au travers de modelés de terrain. Des talus donnent l’illusion d’un parcours au cœur de la nature et atténuent la présence des murs (..).Des plantations arbustives et tapissantes (Bruyère, Molinie, Arbousier….) interpellent la vue par leurs fleurs et leurs feuillages. Les doux modelés rapprochent ces plantations des mains mais aussi des yeux. L’écorce de Pin, utilisé en paillage « brûle » au soleil et diffuse le parfum évoquant les Landes. .

De petites rampes mènent délicatement l’usager vers une ambiance se rattachant à la précédente : L’OCEAN.

Une dilatation du caillebotis bois, en point haut de la promenade rappelle la plage. Cet espace fait face à une « mer » de graminées légèrement en contrebas (Oyat bleu, ou fétuque bleue et Cheveux d’Ange) évoquant les vagues en mouvement sous le souffle des courants d’air.

Le pincement de la terrasse est l’occasion d’un changement de décors . Ici une ambiance plus urbaine se fait ressentir . La présence de mur de propriété, le bruit de la circulation sur les boulevards nous replace au cœur de nos JARDINS DE VILLE.

La prairie fleurie laisse place au potager et au jardin aromatique.

Des carrés pédagogiques surélevés d’ environ un mètre par rapport à la circulation sont accessibles par tous facilitant le contact aux plantes et la diffusion des parfums . Les séances de jardinage sont l’occasion de retisser ou entretenir le rapport de l’homme à l’élément nourricier que représente  le potager.

Afin d’atténuer la présence des murs mitoyens on installe des palissades supports de plantations grimpantes à fleurs ou à fruits (vignes, kiwi, mur, rosier, glycine…) ou d’arbres fruitiers (poiriers, pommiers). »

 

LA RUE EN FETE …

 

Avant, il faisait beau, après aussi et patatras le jour de notre fête (c’était le 14 juin), la pluie s’est mise en tête de nous gâcher notre soirée musicale. Comme le soulignait une riveraine « Quel dommage pour une fois qu’il se passait quelque chose de sympa dans le quartier ! »

 Point de longs discours, mais quelques photos à découvrir à la suite sur notre blog qui retrace le déroulement de cette journée fort sympathique… et des remerciements à tous ceux qui nous ont aidés (associations, artistes, riverains, artisans) et soutenus (Mairie de Bordeaux, Conseil Général).

La fresque murale s’élabore sous les yeux des passants

COPENHAGUE

Copenhague par-ci, Copenhague par-là, vous avez tous entendu parler de ce sommet réunissant les grands de la planète dans le but de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour faire face au réchauffement climatique.

Mais Copenhague, cela nous concerne tous, dans nos gestes quotidiens : nos déplacements, l’isolation de nos logements, notre consommation… c’est notre mode de vie de pays riche qui est ainsi remis en cause.

Pas facile de changer nos habitudes, pas facile de penser autrement et pourtant si nous revenions à un peu plus de sobriété comme la pratiquaient nos grands-parents, serions-nous moins heureux ?

 

« Vivre tous, simplement, pour que tous puissent, simplement vivre » (Gandhi)

Article paru dans le journal Cauderes n° 20

LA JOURNEE DU FEU ROUGE

Un beau matin, notre vaillante cycliste, se rend à une réunion. Elle a hésité ; il fait gris, humide pas un temps à prendre son vélo pour une balade. Elle a dû se secouer « non, pas la voiture, si chacun fait ça, on n’en sortira jamais des embouteillages, du réchauffement climatique »; allez courage, c’est dur parfois de mettre en adéquation convictions et comportement, quand je pense que certains s’imaginent qu’on est écolo pour s’amuser… 

La voilà donc arrêtée au feu rouge, le trafic est dense, le cours bloqué, et n’étant pas à un carrefour mais à un feu pour piétons où il n’y a pas un chat, elle démarre… Zut ! Voilà que la Maréchaussée surgie d’un pt’it coin, l’interpelle. « Madame…vous avez brûlé le feu » « Monsieur l’Agent, je m’suis arrêtée, j’ai juste démarré un tout p’tit peu plus tôt pour ne pas me faire happer par cette meute d’automobilistes énervés. » C’est tellement dangereux ce moment où le flot des autos part en trombe. L’agent n’en démord pas. « Vous avez brûlé un feu, ce sera 90 euros » Elle proteste « D’accord, j’ai démarré plus tôt mais je n’ai mis personne en danger, ni moi-même d’ailleurs. » « Votre sécurité, Madame, c’est votre affaire, la nôtre c’est le code de la route ! – Mais enfin, pourquoi vous acharnez-vous sur moi ? » Elle s’énerve « vous ne croyez pas que vous seriez plus utile à la sortie d’un lycée à expliquer aux jeunes comment ne pas jouer l’homme invisible en vélo ? -Madame, je vous le répète, c’est la journée du feu rouge et c’est 90 euros !  »

La journée du feu rouge !  Notre cycliste a, en travers de la gorge – en plus des 90 € – toutes les fois qu’elle a dû se mettre en danger à cause des stationnements dangereux des voitures.

La journée du feu rouge ; très bien. Alors à quand la journée de la piste cyclable? celle du passage protégé ? du stationnement sur le trottoir et celle de la zone 30? Vous allez pouvoir en faire du chiffre, Messieurs !
A propos de sécurité, de déplacements doux, je me demandais si, comme moi, vous aviez remarqué qu’on voyait rarement dans notre quartier des personnes en fauteuil roulant – des chaisards comme souhaiterait qu’on le dise un de mes amis que ça agace d’être appelé « personne à mobilité réduite » . Préfèrent-elles rester chez elles ? Pas du tout. Si les piétons, les cyclistes doivent parfois s’armer de courage pour se déplacer, qu’en est-il pour ces personnes-là? C’est le parcours du combattant ou plutôt de la combattante.

En effet, ces dames que j’ai rencontrées me racontent comment  pour aller chercher leur enfant à l’école, se rendre chez le coiffeur, faire leurs courses, elles doivent élaborer de véritables stratégies de déplacement… «  à tel endroit, il n’y a pas de dépression charretière (bateau), donc je prends la rue d’après où le trottoir est accessible puis je reviens en arrière; la piste cyclable ? précieuse, ça évite d’être au milieu de la circulation… encore faut-il qu’il y en ait une ; les trottoirs ? quand ils sont assez larges ! mais encombrés de poubelles, de voitures surtout qui n’hésitent pas à s’arrêter sur le bateau juste devant moi qui suis en train de manœuvrer pour remonter de la chaussée »  «J’ en ai pour 3 minutes, Madame » , dit l’automobiliste en entrant dans un magasin me laissant condamnée à patienter puisque c’est le seul passage accessible »  «  Si je mets bout à bout toutes les 3 minutes que l’on m’a priée d’attendre ainsi , bloquée près d’une voiture savez-vous combien d’heures ça fait ? et je vous garde la meilleure pour la fin : cette femme se garant à cheval sur le trottoir au moment où j’arrive et qui me lance. « Vous n’avez qu’à rester chez vous !… »

A quand les aménagements sérieux qui aideront au respect des plus fragiles ? A quand les contrôles et les PV qui porteront vraiment sur la sécurité ?… la journée du feu rouge ?… Pfff !
Article paru dans le journal Cauderes n° 20

… OU L’ON COMPREND QU’IL VAUT MIEUX S’ADRESSER AU BON DIEU QU’A SES SAINTS…

 

Nous nous sommes retrouvées par hasard boulevard Albert 1er, toutes deux plantées devant la souche-poubelle, attirées par la vision aussi déplaisante que surprenante de celle-ci – dressée comme un moignon devant la petite chapelle. Consternée, la religieuse me dit « ce n’est pas malheureux de voir ça ? » « C’est lamentable, mais pourquoi l’a t-on coupé ? » Elle l’ignore ; et tandis que nous évoquons le bel arbre que nous avions connu à cet endroit, j’indique la chapelle. « Au moins elle, elle tient le coup » et je pense à la bâtisse de belle allure qui a fait place à cette masse de béton, et dont la chapelle est une sorte de fantôme, de souvenir attendrissant. « On va la raser » dit-elle avec un regard mélancolique, « c’est nécessaire pour agrandir la maison de retraite, nous a-t-on dit. » Je compatis ; elle est désolée… Tout ce que représente cette chapelle pour elle …« Ca nous fait mal au cœur mais on ne peut faire autrement, ce n’est pas rentable. »

J’ai consulté par la suite le projet de permis de construire « l’augmentation de la capacité d’accueil est vitale du point de vue économique pour l’établissement » : de 62 lits actuellement, « ils » vont passer à près de 100.

Dans un élan de sympathie et de colère – encore un élément du patrimoine de notre quartier qui sera sacrifié – « mais ne pouvait-on pas l’empêcher ? il me semble que c’est vous les Sœurs qui décidez, alors si vous ne voulez pas…» « On a essayé mais en haut lieu – elle lève une main vers Paris ou vers le ciel –  ils n’ont pas voulu, ils disent que c’est indispensable ; on a même fait une pétition ! »

Une pétition ! à qui ? Sûrement pas au Bon Dieu ! Mais pourquoi les Sœurs ne nous l’ont-elles pas fait passer, cette pétition ?!  Nous l’aurions signée plutôt deux fois qu’une, et sans doute avec nous bien des gens du quartier !

On ne peut faire autrement que « les » croire sur parole. Et pourtant, je m’étonne : « ils » viennent de s’apercevoir que ce n’était pas rentable, ou c’est pour mieux nous faire avaler la pilule qu’ils rasent en deux temps, à quelques années d’intervalle ? Le résultat est que c’est près de 100 mètres de façades qui vont apparaître sur cette séquence des boulevards.

Qu’on ne vienne pas nous dire que nous ne souhaitons pas que les personnes âgées puissent continuer de vivre dans leur quartier, mais on pouvait faire mieux que ça, non ?

En passant devant la chapelle, jetons lui un dernier regard nostalgique en attendant les premiers coups de pelle.

Article paru dans le journal Cauderes n° 20