EST-CE AINSI QUE LES HOMMES VIVENT ?

Immeuble à caractère social du Boulevard Albert 1er près le la barrière de Toulouse

Peut-on rêver à un monde meilleur quand la laideur est à notre porte ?

Bientôt 10 ans et l’humidité suinte sur les murs de cet immeuble à caractère social du Boulevard Albert 1er ; à l’intérieur il y aurait aussi des malfaçons. Comment peut-on encore construire vite et mal à l’ère de la transition énergétique ? Comment peut-on laisser des populations modestes vivre dans cet habitat indigne de notre époque ? Comment ces habitants peuvent-ils « habiter poétiquement la terre » comme l’écrit le poète Hölderlin ? Et les enfants s’ouvrir sur la beauté du monde ?

Des maisons vides et dégradées depuis des années Boulevard Franklin Roosevelt

Des familles s’éloignent de plus en plus loin de la métropole pour habiter en périurbain faute de logements abordables, des étudiants dorment dans leur voiture et des SDF dans des squats…

Et des milliers de logements sont inoccupés, parfois depuis des dizaines d’années et enlaidissent nos quartiers. N’y aurait-il pas un droit d’usage qui limiterait le droit de propriété des immeubles abandonnés permettant à tous d’habiter dignement nos villes ?

QUI BÂTIRA LA VILLE DE DEMAIN ?

QUI BÂTIRA LA VILLE DE DEMAIN ?

Sur le terrain d’1,179 ha qu’occupait le CFA, le Groupe Pichet – après de nombreux rebondissements – a obtenu marché et permis de construire. C’est un projet de 180 logements qui verra le jour après diverses tranches de travaux de démolition/construction avec livraison prévue en 2018. Dans une publi-info (Sud-Ouest Juin 2016) le promoteur nous informe que :

« C’est au 35 boulevard Albert 1er, au sud du quartier Nansouty, que la résidence du Square Albert Premier dévoilera ses lignes […] Le Square Albert Premier proposera des prestations de standing […] C’est ce qui nous permettra d’offrir aux résidents de nombreux espaces libres associés à une qualité paysagère de cœur d’îlot. Et c’est sans compter la situation privilégiée du programme, avec l’hyper-centre de Bordeaux accessible en quelques minutes à pied »

Apprendre que nous étions à quelques minutes à pied de l’hyper-centre de Bordeaux a provoqué en nous une franche hilarité. Il est vrai que du point de vue d’un potentiel investisseur parisien…

Ce qui nous fait nettement moins rire c’est la perspective des inévitables automobiles supplémentaires en stationnement alentour, la question de la scolarisation des enfants dans une école de proximité surchargée, inaccessible à pied ou à vélo en toute sécurité…car 180 logements, ça fait du monde… du monde qui se déplace, du monde qui va à la crèche, à l’école, fait du sport, des courses, bref du monde qui vit.

« D’un point de vue architectural, le traitement des toitures en pente ou le recours à la brique, rendront hommage à l’histoire du site. La cheminée en briques rouges, héritage emblématique du site, sera conservée à des fins esthétiques »

Que le projet plaise ou non, reconnaissons qu’il a fait l’objet d’une recherche architecturale absente des résidences qui ont fleuri dans notre quartier ces dernières années.

Nous lisons encore dans cet encart publicitaire : « L’utilisation de matériaux pérennes […], et la création de nombreux espaces naturels partagés permettront de répondre à ce besoin. »

Sans doute devrions-nous nous munir d’une loupe car sur le projet, ces « nombreux espaces naturels partagés » ne nous sautent pas aux yeux.

Effectivement, nous demandions des jardins à partager avec des riverains.

Quant à la promesse de projet ouvert sur le quartier que nous avons défendu bec et ongles – promesse réitérée par Pichet et confirmée par la mairie lors de la réunion de présentation du projet aux habitants – elle risque de partir aussi en fumée, car ne soyons pas naïfs, à plus ou moins long terme la future copropriété sera close, accessible par un code d’accès comme à la résidence Liotard.

Si, ainsi qu’un cadre du groupe nous l’a affirmé les yeux dans les yeux « les promoteurs ne sont pas là pour construire la ville de demain » (sic), si nos édiles nous renvoient souvent dans nos 22 m en nous affirmant qu’ils ont fait le maximum de ce qui était en leur pouvoir, si les citoyens engagés hurlent dans le désert, alors qui fera cette ville de demain, humaine, durable, respirable et accueillante ? Si vous avez la réponse, n’hésitez pas à nous l’envoyer sur cauderes@gmail.com. (Voir ou revoir le projet porté par l’association dans les gazettes n°29 et n°30 ou sur notre blog : www association. Cauderes.overblog.com)

Enigme

Ces deux carrefours se trouvent à quelques dizaines de mètres l’un de l’autre: l’un est sécurisé, bien signalé, offre  une visibilité correcte, sa  chaussée est en bon état, le stationnement des voitures ne peut s’y faire … l’autre est situé au coeur du quartier surnommé « Triangle des Bermudes » … Devinerez-vous lequel est à Bordeaux, lequel se situe à Bègles?

 


Carrefour à Bègles à quelques dizaines de mètres du car  

Carrefour Catulle Mendès BossuetLadous

Frontière

Serait-ce une frontière temporelle qui séparerait ces 2 quartiers ?

 

Bègles appartiendrait-il au XXI ème siècle et ce coin de Bordeaux se serait -il endormi au XX ème quand la chaussée a été faite, il y a quarante ans , si l’on en croit les anciens qui habitent aux alentours?

 

frontière

Etude socio-architecturale de la Barrière de Toulouse

Merci à Juliette Lépine et Grégoire, étudiants en architecture qui nous ont fourni cette :

Etude socio-architecturale de la Barrière de Toulouse

dont nous vous proposons quelques extraits

 

  

 

    Après avoir rencontré plusieurs habitants de la barrière de Toulouse, la particularité qui s’est dégagée est la forte présence d’axes de communication fréquentés.  Les axes constituent à la fois un atout majeur dans le choix du lieu de résidence des habitants mais ils sont aussi la principale problématique de ce lieu.

    Après cette constatation auprès des habitants interrogés, nous avons voulu comprendre le fonctionnement de la barrière par rapport à la circulation et les conséquences sur les pratiques des habitants.

  

  1 – Situation de la barrière de Toulouse

  La barrière de Toulouse en tant que lieu géographique dans l’agglomération bordelaise est déterminée par le croisement de deux voies  importantes que sont la  route de Toulouse  qui se  prolonge dans Bordeaux par le cours de la Somme et les boulevards. La barrière de Toulouse possède la particularité de réaliser la séparation administrative entre les villes de Bordeaux, Talence et Bègles, toutes à proximité.

Outre cette première définition géographique et administrative nous verrons que la barrière de Toulouse peut se définir par d’autres approches. C’est un lieu qui fonctionne à plusieurs échelles différentes allant de l’échelle régionale à l’échelle du quartier en passant par l’échelle de la ville et nous verrons ce qui forme l’identité de la barrière.

 

  2- Évolution du tissu urbain

 Historiquement, ce lieu a toujours été un lieu de passage dès le XVIII ème siècle où passait le chemin du loup reliant St-Genès à la route de Langon.

 ancien

 Extrait carte de Cassini XIII ème siècle

  On remarque par ailleurs avec ce document que la position de la barrière de Toulouse était au service du quartier St-Genès déjà présent à cette époque. Aujourd’hui on retrouve la trace de ce chemin du loup dans le tissu urbain et notamment juste à côté de la barrière de Toulouse sous la forme du chemin de Cauderès.  Il est intéressant de remarquer que la dénomination de « chemin » a perduré pour cette rue, signifiant son origine.    

  Par la suite, est venu s’implanter le tracé des boulevards et des barrières qui s’est superposé aux voies préexistantes.   

    La qualité de lieu de passage du chemin de Cauderès était utilisée  jusqu’en 1996 pour « couper » le croisement de la barrière de Toulouse et accéder à la route de Toulouse ce qui posait des problèmes de sécurité à la vue de la largeur de la voierie pour un tel trafic. L’association cauderes s’occupe du secteur de la barrière de Toulouse et s’est construite pour régler ce problème. La barrière de Toulouse s’est donc implantée à proximité d’un lieu de passage préexistant pour remplacer le tracé historique d’un chemin fait par l’Homme par un tracé plus rationnel. Plus qu’une question de passage cette double voie soulève une question d’identité du lieu. En effet, l’association des habitants du quartier de la barrière de Toulouse se nomme « cauderes » et non pas « barrière de Toulouse » ce qui montre bien une double identité du quartier pour ses habitants.

 

  3 – Relation à la ville

La barrière de Toulouse en tant que lieu de passage se définit par rapport au reste de la ville et entretient des liens avec des lieux importants de Bordeaux ce qui en fait un lieu stratégique.   La barrière se positionne surtout par rapport au centre de Bordeaux qui est considéré comme proche et facile d’accès par les habitants. «  vraiment proche du centre » « direct depuis le centre ». Le quartier est aussi situé à proximité de la gare. La barrière de Toulouse possède donc une position lui permettant des trajets courts jusqu’aux lieux importants de Bordeaux.  

Pour le jeune couple que nous avons rencontré, la position de leur maison à proximité des boulevards et de la rocade constituait un atout pour accéder au lieu de travail du mari situé à Floirac.  Pour le couple de retraités, la barrière de Toulouse se situait plus par rapport à l’échelle régionale car cette situation leur permettait d’échapper facilement à la ville de Bordeaux pour revenir dans leur département natal qu’est  les landes tout en habitant Bordeaux.

Cependant la barrière de Toulouse se trouve dans une position de « rivalité » avec d’autres pôles possédant des identités et des activités fortes. Il s’agit tout d’abord des barrières situées de chaque côté par rapport auxquelles nous avons senti, lors de la réunion du quartier, l’envie de se comparer soit pour justifier leurs demandes en faisant  passer un manque pour une injustice ou bien au contraire pour se valoriser par rapport aux autres. «  Notre barrière est sinistrée » « la barrière est plus active que d’autres… »Réellement, le pôle d’attraction qui attire le plus les « habitants de la  barrière de Toulouse » est Nansouty où se trouvent de nombreux commerces ainsi que des écoles.   

Toutes ces relations à la ville ne sont possibles  que par la présence de transports en commun sur place.

D’ailleurs certains habitants se trouvent très bien desservis par les transports en commun et d’autres au contraire s’en trouvent éloignés. Cela est dû à  l’image forte du tram qui occulte les bus et notamment pour les nouveaux arrivants du quartier.

 

4 – Barrière de Toulouse : un lieu de circulation

Plus qu’un simple croisement, la barrière de Toulouse est à la fois le premier espace de la ville de Bordeaux et le dernier espace de la route de Toulouse. En effet, la barrière de Toulouse se positionne vraiment comme une conclusion de la route de Toulouse.

  Cette route est un axe sur lequel se positionnent beaucoup de commerces et la barrière ne fait pas exception. D’ailleurs, l’association des  commerçants ne s’est pas formée autour de la barrière de Toulouse mais autour de la route de Toulouse en regroupant 400 commerces, ce qui montre bien la prépondérance de l’axe par rapport à la barrière. Cette identité de l’axe est surtout commerciale, et ces commerces se sont installés en partie pour profiter du passage important qui se fait sur cet axe.

La route de Toulouse est une des pénétrantes de Bordeaux les plus importantes impliquant une circulation intensive. Cette circulation est notamment dûe au fait que la route de Toulouse est la continuité de l’autoroute A62 (Toulouse).

  Avant la mise en place du tram, le cours Gambetta à Talence absorbait quant à lui la circulation pouvant provenir de l’A63 (Arcachon, Bayonne ).

 

  Cependant, depuis la mise en place du tram, la circulation ne se fait plus à Talence ou  très peu et  elle s’est reportée en grande partie sur la route de Toulouse et par conséquent sur la barrière de Toulouse très engorgée.

 

5- Le tissu urbain et la circulation

Face à  la problématique de la circulation et du transport les voies sont hiérarchisées de façon à favoriser la vitesse sur les axes de passage. Au contraire, à l’intérieur des zones formées par les axes, les rues sont plus serrées et n’offrent pas beaucoup d’espace à la voiture.

  On remarque donc une hiérarchie des voies et des activités qui s’y font. Le tissu d’échoppe très étroit concentre essentiellement des activités d’habitat. Sur la route de Toulouse ce sont les commerces qui ont investi l’espace pour profiter de l’activité de la barrière. Mais, il est intéressant de remarquer  que la largeur importante des boulevards n’a pas permis un développement commercial important malgré le passage qui s’y fait. Cela est notamment dû à la difficulté de traverser la route et donc à un manque d’échanges et de communications à l’échelle du piéton.

Le tissu urbain d’échoppe permet difficilement de satisfaire les besoins en places  de stationnement. En effet, les rues étroites ne permettent qu’un stationnement d’un seul côté de la rue pour des habitations situées des deux côtés. Si on compte en moyenne deux voitures par foyer, le surplus de voitures est vite atteint surtout lorsque l’on compare la longueur nécessaire au stationnement de deux véhicules avec la longueur d’une façade type dans le quartier.

Cependant, le problème n’est pas toujours vécu. Dans le cas de notre premier entretien, le couple de retraités ne possédait qu’un seul véhicule ainsi qu’un garage construit lors de l’agrandissement de la maison sur la parcelle voisine tandis que le jeune couple avec des enfants et une activité professionnelle possède deux voitures et pas de garage.

 

6 – Notion de quartier :

route

Différentes entités

 On remarque que les ruelles continues au sein de chaque ville constituent un tissu urbain apportant de l’unité à la différence qu’il peut y avoir entre deux villes. C’est pourquoi la rupture que provoque la barrière de Toulouse entre Talence, Bordeaux et Begles est plus marquée que la rupture entre les deux parties de Bordeaux situées de chaque côté du cours de la Somme. «La circulation sur la route de Toulouse est très importante, il y a des heures de pointe (le matin et le soir). Il y passe 50 000 voitures par mois.  C’est le tramway de St Genès  qui  détourne la circulation ici.» Un habitant

 

Des quartiers qui ont déjà une identité propre, pour Nansouty l’esprit village et Caudéres une image dynamique

 Rupture dans la continuité des voiries qui façonne des perceptions de la ville.

 Dans une même commune, les rues se prolongent pour former une continuité et ainsi une relation plus forte entre les différents espaces de la ville.

Or entre les différentes communes on peut remarquer que les rues ne se prolongent pas toujours, la rue Caudéres et la route de Toulouse forment un paysage bâti en bout de rue ce qui marque le passage d’une ville à une autre. Même si le revêtement du sol ou la typologie du bâti ne changent pas vraiment entre les  trois  villes,  le  changement  s’opère  du  point  de  vue  de  la  perception  du passant.

Difficulté de se créer une unité qui lui est propre

 

7 – Espace public

Le parc est donc l’unique lieu public pouvant rassembler les habitants mais il est souvent jugé trop pollué par la circulation.

Mixité de sa fréquentation :

  – enfants qui jouent avec les jeux en plein air installés par le Mac Donald’s

   étudiants du CFA qui viennent y déjeuner  -personnes sans domicile fixe qui logent au centre d’accueil à Nansouty

  – des passants qui viennent lire,  regarder, se reposer…

Impressions des ses usagers :

 «C’est agréable d’avoir un parc comme celui-ci en ville. Installations de jeux pour enfants, parc fermé sécurisant pour surveiller les enfants et les fréquentations.»   jeune maman, 30-35 ans

 «Un peu trop petit mais c’est un lieu reposant pour une activité comme la lecture.» homme, 40-50ans

«Il y a peu de personnes mais c’est très joli.»   femme, environ 75 ans

«Le parc est agréable mais le quartier est trop bruyant.» homme, 30-35 ans

 

Même si le parc peut apparaitre comme un équipement appréciable en cette zone urbaine, on remarque cependant qu’il est sous-exploité et cela pour plusieurs raisons. D’une part, le parc fait l’angle de deux  voies de passage ce qui implique une pollution à la fois sonore et qualitative de l’air. D’autre part, les habitations situées le plus à proximité du parc possèdent pour la plupart un jardin privatif (tissu d’échoppe)  ce qui satisfait les habitants pour la quantité d’espaces verts. Les usagers que l’on a pu rencontrer dans ce parc ne proviennent pas d’une zone située directement à proximité mais au contraire de zones plus éloignées et le plus souvent logeant en habitat collectif.

Le parc n’est donc pas un espace public favorisant la rencontre des habitants du voisinage. Les relations de voisinage se font à l’échelle de la rue grâce aux portes qui donnent sur la rue. Ainsi les habitants se connaissent et se rencontrent par cet espace public « on se dit bonjour en sortant les poubelles». Cependant ces rencontres ne dépassent pas la rue. On remarque d’autre part que l’implantation de résidences dans le tissu d’échoppes rompt ce lien social surtout par le fait que chaque logement ne donne pas sur la rue. 

 

8 – Pratiques des habitants

 commerces

Le rayonnement des commerces se fait à l’échelle des habitants de la barrière de Toulouse. Beaucoup sont des commerces de proximité (superette, fleuriste, boulangerie, boucherie…) mais il y a également des commerces dont les activités sont plus rares comme l’armurerie ou le vendeur de cartouches d’imprimantes.

Ils ne profitent pas du flux routier qu’apporte la route de Toulouse car il y a un manque de stationnement. Le parking souterrain situé sous le Mac Donald’s, pourtant laissé à la disposition du public est très peu utilisé à cause de son non-signalement. Les habitants trouvent que la barrière «se redynamise avec l’implantation de nouveaux commerces ces vingt dernières années.»

 

Rivalité avec la barrière Saint Genès

 «Barrière délaissée, sinistrée» des mots que l’on a pu entendre lors de la réunion annuelle de l’association du quartier. Comparaison avec la barrière Saint-Gènes où le flux de voitures est limité par le passage du tramway. Piste cyclable, nombreuses écoles équipements qu’envient les habitants de la barrière de Toulouse.

Cependant, tout est relatif car les habitants savent aussi se valoriser par l’activité commerciale active qui persiste au contraire d’autres barrières où les banques possèdent le monopole foncier.

 

9 – Séparation des fonctions

Il est intéressant de remarquer que même sans l’application de chartes ou de traités théoriques sur une séparation des fonctions, la ville a d’elle même dissocié les activités même si cela reste à une échelle plus modeste que les projets d’urbanisme du mouvement moderne. On retrouve donc des zones d’habitat qui sont bien démarquées des zones de commerces et d’activités économiques même si elles se présentent comme plusieurs poches juxtaposées qui restent à échelle humaine. Le quartier cauderes se positionne comme le quartier d’habitat de ce site alors que la barrière de Toulouse se positionne plus quant à elle comme une entité commerciale.

  Cependant la séparation des activités n’est pas stricte sur la route de Toulouse, les habitations et les commerces sont entremêlés : les commerces sont situés au rez-de-chaussée et quelques logements occupent les étages.

 

 10 – Les échoppes bordelaises : une typologie qui crée une identité à la barrière de Toulouse

Historique :

  La typologie architecturale de l’échoppe bordelaise est due à la production de petites maisons similaires accolées aux remparts de la ville bordelaise lors de l’afflux du dépeuplement des campagnes. Elles sont étroites (de  5 à 6 mètres de large et 16 mètres de profondeur) et peu spacieuses pour les échoppes simples, et d’une surface plus importante pour les échoppes doubles fortement présentes au niveau de la barrière de Toulouse.

Aujourd’hui elle touche une autre catégorie de population plus aisée, qui peut se permettre une augmentation de la surface habitable avec le surhaussement de celle-ci. Elle a également acquis une valeur patrimoniale car elle constitue l’image de Bordeaux, ville classée au patrimoine de l’ UNESCO.

Les échoppes sont situées sur les barrières, à la fois en ville et à proximité des axes routiers importants (barrières, rocade), elles permettent de densifier la ville tout en gardant un jardin particulier. . Même si la typologie d’habitat a été créée au XIXème, on remarque qu’elle constitue toujours un modèle d’habiter recherché, à la fois pour le tissu urbain qu’elle crée mais aussi pour ses espaces intérieurs  facilement ré-appropriables en extension au sol sur jardin ou en hauteur en la transformant en maison à étage. C’est surtout une qualité de vie qui est recherchée « être en ville avec un jardin sans être étouffés»

 

11 –  Rapport habitat / habitant

 

La barrière est hétérogène au niveau du type d’habitants (propriétaire ou locataire) car elle a un choix d’offres assez large. Les échoppes bordelaises, constituant  une grande partie du tissu urbain de la barrière de Toulouse, sont en majorité acquises par des propriétaires. Lors de nos deux entretiens ça a été « le  projet d’une vie » :

  Aujourd’hui, les échoppes de la barrière de Toulouse font l’objet d’un renouvellement de population dû au « départ » des personnes âgées et à l’arrivée de jeunes couples avec enfants. Cela induit un changement dans les demandes en équipements (  crèches, écoles … ).

 Il y a également des résidences où les appartements sont occupés par des locataires. Des logements sociaux ont été construits sur des anciens terrains militaires (autrefois servant d’entrepôts) et, des studios étudiants installés avec  un emplacement à proximité du campus. Il s’opère un renouvellement perpétuel de la population qui n’amène pas forcément l’établissement d’un lien social au sein des habitants de la barrière.  

 

 12- Diagnostic général sur l’urbanité du quartier

A la barrière de Toulouse nous avons constaté une ambigüité dans son identité de quartier due à la présence de deux unités fortes: celle de la barrière de Toulouse comme un espace dynamique en formant la fin de la route de Toulouse et celle  du quartier de Cauderes  comme un espace plus statique formé par des habitations. Ces deux entités sont interdépendantes l’une de l’autre, les commerces ont besoin des habitants et les habitants profitent de la proximité de ces  services.  

Les axes de communications engendrant les  flux de voitures qui caractérisent la barrière de Toulouse sont un réel problème pour les riverains puisqu’il porte atteinte à la sécurité des piétons et des vélos. Cependant ces mêmes axes créent un lieu raccordé au reste de l’agglomération bordelaise constituant ainsi un des atouts majeurs de ce site.

  Le tissu urbain est un modèle conçu pour un mode de vie datant du XVIIIème et qui aujourd’hui est mal adapté à l’important flux de voitures qui y circulent.

  On peut imaginer que demain, la voiture telle qu’on la connait va tendre à disparaître face à un fort développement des transports en commun. Ainsi Le tissu dense du bâti de la barrière de Toulouse reprendra  une échelle pour laquelle il avait été conçu, c’est à dire pour le piéton. De plus, les échoppes permettent une évolution des modes de vie dans  l’habitat. On peut donc dire  que la barrière de Toulouse est adaptée à une évolution future des modes de vie.

Sources :

  entretiens longs avec des habitants   

la réunion annuelle de l’association Cauderes

  entretiens courts sur la route de Toulouse,

ses commerçants et les usagers du parc.

  Dictionnaire d’urbanisme