Vous l’aurez certainement remarqué, les immeubles poussent comme des champignons le long de la route de Toulouse. Les friches et derniers espaces vides laissent place à des immeubles de belle hauteur alternant avec un tissu d’échoppes et de commerces alignés à l’horizontale, typiques des entrées de ville.
Quelle visibilité donnée à cet enchevêtrement de masses inégales ? Où est l’intégration dans le paysage urbain ? Où poser son regard ? Tout est rupture de lignes et de formes…
Où sont nos urbanistes et paysagistes si prompts à imaginer la ville de demain lors des colloques ou biennales d’architecture ? Auraient-ils abandonné la partie préférant les espaces vierges de toute construction pour laisser libre cours à leur imagination ? Et les maires des communes riveraines de cette pénétrante auraient-ils démissionné de leur charge en laissant toutes les « dents creuses » à la promotion immobilière ? Cela sous prétexte d’un tramway qui arrivera bientôt près du pont de la Maye – ce qui autorise une densification maximale le long des axes – mais qui ne circulera pas sur la route de Toulouse. Cette dernière est une des principales pénétrantes de Bordeaux dont le trafic est déjà très dense (+ de 25 000 véhicules / jour) et la circulation des transports en commun ralentie. Quant à la circulation des vélos, elle est très faible vu la dangerosité de la voie. Nos décideurs auraient-ils oublié ces réalités ?
Comment se feront les déplacements quand se déverseront des centaines et des centaines de nouveaux véhicules ?
Il faudra être très imaginatif pour donner une alternative crédible à l’automobile sous peine d’asphyxie de cette artère majeure et de saturation des voies secondaires. Il va falloir faire des choix courageux lors de l’élaboration du plan de restructuration de la route de Toulouse pour favoriser les déplacements doux et ainsi inciter les riverains à laisser leur voiture….avant que la pollution (responsable de 30 à 40 000 morts par an dans l’hexagone) atteigne des records et nous fasse encore passer pour les mauvais élèves auprès de l’Union Européenne avec pénalités à l’appui.
Article paru dans le journal cauderes n° 26