Dans mon bout de quartier, il y pousse de grands cubes-à-loger-des-citoyens enfin il en poussait, mais ça ne se reproduira sûrement plus, dormez tranquilles, bonnes gens, les pouvoirs publics veillent. C’est bien. Un quartier est si vite défiguré ! Imaginez : mes voisins, dans l’impasse à côté prétendaient refaire leur toit qui fuyait depuis l’été. Heureusement pour la sauvegarde de notre patrimoine le service de l’urbanisme ouvrait l’œil ! Et mes voisins ont dû revenir plusieurs fois sur leur dossier. Ils ont finalement été vivement encouragés à refaire le toit de leur échoppe à l’identique, avec des petites tuiles vieillies… et moi ça me rassure, comme ça, peut-être que mon bout de quartier fera l’objet des mêmes attentions que le Bordeaux classé au patrimoine de l’UNESCO …
Et cela me rassure d’autant plus que lors d’une réunion de riverains au Centre de Formation des Apprentis, avec le président de la chambre des Métiers de la Gironde et les responsables du CFA, j’ai appris que celui-ci déménagerait définitivement d’ici trois ans et que d’ici quelques mois le terrain – d’une superficie de plus d’un hectare , ce n’est pas rien ! – serait vendu au promoteur le plus offrant alors maintenant je sais que les pouvoirs publics veilleront à l’inscription des futurs bâtiments dans le paysage urbain et au choix des petites tuiles couvrant ces mêmes bâtiments… un quartier est si vite défiguré par une vilaine toiture mal retapée.
Vous faites vos courses barrière de Toulouse… placez-vous sur le trottoir face au Mac Do, votre baguette croustillante et un journal sous le bras… et regardez votre montre : comptez …cinq minutes, top chrono : observez les voitures qui quittent le drive… parmi celles-ci , comptez celles qui faisant fi du code de la route effectuent, un élégant petit demi-tour en direction de Villenave d’Ornon en contournant le haricot. Ce sera environ une sur trois….étonnant, non ? Et si vous êtes gâté vous aurez droit à une voiture ou un camion qui repartant vers Villenave d’Ornon sort du drive en prenant directement la voie de gauche, sans même tourner autour du fameux haricot ! N’est-ce pas qu’il y aurait comme un défaut ?
Et pourtant on nous avait bien affirmé que le plan de déplacement urbain avait soigneusement été pris en compte et que le service de la circulation de la CUB était, en particulier au niveau des barrières, « très, très, très strict », dixit Monsieur Duchène , Adjoint au Maire de Bordeaux.
Est-ce à dire que les consommateurs (motorisés) de hamburgers sont plus enclins que d’autres à enfreindre le code de la route ???
Pas du tout ; c’est juste que comme nous l’avions prévu l’aménagement de la voirie est en cet endroit un véritable pousse-au-crime ou du moins, un pousse au délit… et voilà ; c’est parfois navrant d’avoir raison.
On a perdu. Depuis un an maintenant Mac Donald’s, son Mac Drive et son drôle de jardin« privé-public », contre lesquels nous nous sommes tant battus, trônent au coeur de notre quartier.
Retour sur une bataille qui aura duré plus de cinq ans et qui, pour nous, vient juste de s’achever.
Tout ce dont vous avez plus ou moins entendu parler, toutes les péripéties et la morale de l’histoire :
aujourd’hui, nous allons tout vous raconter :
– Acte I – Les Soeurs et nous –
Nous sommes en 2001. A l’angle de la route de Toulouse et du boulevard J.J.Bosc se trouve une maison de retraite, belle bâtisse du XIXème siècle jouxtant un petit bois. L’ensemble appartient à la Congrégation des Soeurs de la Sainte Famille de Bordeaux. Celle-ci envisage de créer une nouvelle maison de retraite sur une partie seulement de sa propriété foncière et d’en céder le surplus (à l’époque, le nom de Mac Donald’s est déjà dans l’air) pour financer cette opération.
On en parle dans le quartier. C.A.U.D.E.R.E.S l’écrit et… se retrouve assignée en justice par les Soeurs pour « diffamation et information inexacte.» Mais le tribunal, lui, considérera que nous n’avons fait qu’user de notre liberté d’expression et que la requête de la Congrégation, du fait de son « caractère abusif », devait être sanctionnée. Les Soeurs, qui nous demandaient 13750 euros seront finalement condamnées à nous en verser 2500.
Convaincus qu’une restructuration de l’ancienne maison de retraite était à la fois souhaitable et possible, nous avions, dès 2001, déposé un recours au tribunal administratif pour contrer les « plans « de la Congrégation (un cube de 22 m. de haut…) et sauver l’ancienne maison. Les Soeurs cette fois n’y allèrent pas par quatre chemins et assignèrent individuellement au tribunal tous les membres du bureau de notre association, leur réclamant… 3 millions d’euros (vous avez bien lu !) ramenés ultérieurement à 300 000 euros (on respire presque…) de dommages et intérêts. Passé le premier « émoi », il nous parut vite judicieux d’aller chercher secours et réconfort auprès d’un homme de l’art : maître Bruno VITAL-MAREILLE. En août 2005, le tribunal, considérant la « pression abusive » et l’ « objectif d’intimidation » de la plainte des Soeurs, les condamna cette fois à nous verser la somme de 10 000 euros. Elles décidèrent d’abord de faire appel de ce jugement puis, suivant les conseils de leur nouvel avocat, renoncèrent finalement à toute nouvelle action en Justice et, au terme d’une négociation serrée, acceptèrent en 2007 de nous verser la somme de
7500 euros d’indemnités, augmentée du règlement des frais d’avoués et de Tribunal.
Cependant qu’elles nous poursuivaient de leur acharnement procédurier, les Soeurs n’avaient tout de même pas perdu le fil principal de leur projet et bien vendu, à la société Mac Donald’s donc, un terrain de 5000m2 incluant l’espace boisé classé de l’angle de la route de Toulouse et du boulevard J.J.Bosc…
– Acte II – Mac Donald’s et nous –
A l’été 2003, la mairie de Bordeaux délivra un permis de construire à la société Mac Donald’s l’autorisant à édifier sur la partie non boisée du terrain un établissement doté d’un « drive ». La CUB, de son côté, donna un avis favorable pour un aménagement de voirie, préalable indispensable à la mise en place de toute l’opération. Les défenseurs de ce projet faisaient alors valoir plus ou moins clairement que Mac Donald’s allait créer pour ses clients et « par extension » pour les habitants, un jardin dans l’espace boisé classé, sans qu’il en coûte rien au contribuable et qu’en outre les autres commerçants de la barrière pourraient inviter leur clients à profiter des places du parking souterrain, partie intégrante du projet…
Pour manifester notre opposition à ce projet et sur le site même du chantier, plusieurs rassemblements furent alors organisés à notre initiative qui nous valurent de recevoir de nombreux soutiens d’élus, de représentants associatifs ou de journalistes. Après avoir formé un recours gracieux auprès de la mairie de Bordeaux (recours resté, comme de juste, sans réponse) nous avons alors décidé d’attaquer le permis de construire qu’elle avait délivré. Par jugement en date du 14 décembre 2004, le tribunal administratif, confirmant ainsi le bien-fondé de notre démarche, décida, dans l’attente d’un jugement sur le fond, la suspension des travaux. La Ville de Bordeaux et la Société Mac Donald’s firent appel de cette décision, mais leur appel fut heureusement rejeté par le Conseil d’Etat. Pendant quelques mois, chacun put alors, derrière les barrières d’un chantier déserté et en guise de Mac Donald’s, admirer ce qu’il est convenu d’appeler… un trou.
Malheureusement, le 20 juin 2005, dans son jugement sur le fond, le tribunal, dans une nouvelle formation, opéra un revirement profond et à nos yeux inexplicable : il rejeta toutes nos requêtes et nous condamna même, ainsi que les autres associations qui avaient soutenu notredémarche, à verser à la Ville de Bordeaux et à la société Mac Donald’s la somme de 250 euros…Devant l’importance des frais encourus et, il faut bien le dire, confrontés au sentiment d’une
confiance un peu émoussée en la justice administrative de notre pays, c’est avec une certaine amertume que nous avons alors décidé de renoncer à faire appel de cette décision.Quelques coups de truelles et quelques mois plus tard, Mac Do ouvrait ses portes.
– Acte III – Vous et nous –
Pendant toutes ces années, contrairement à ce que certains ont voulu laisser entendre, notre combat contre Mac Do ne fut pas un combat contre la malbouffe. C.A.U.D.E.R.E.S n’est pas une association inltermondialiste. Sans revenir dans les détails (nombreux et complexes) des éléments
que nous avons soulevés en justice, nous voulons rappeler ici que nous contestions et contestons
encore :
– qu’on implante un drive dans un secteur déjà saturé par la circulation automobile et qu’on
prévoit de rediriger obligatoirement les voitures sortant du drive vers les boulevards c’est-à-dire
vers la zone la plus sensible en terme de « bouchon » ;
– qu’on « privatise » 25 mètres de voie publique pour créer au milieu de la rue un « tourneà-
gauche » destiné à l’usage exclusif du Mac Donald’s, réduisant d’autant l’espace, déjà très
mesuré, réservé aux autres usagers : voitures, bus et vélos.
– que tous les éléments précédents aient été arrêtés au mépris finalement de la sécurité des
usagers.
Mais s’il faut aller au fond des choses, ce que nous n’admettons pas, surtout, c’est qu’un tel projet qui ne sert en définitive qu’un intérêt privé, ait pu une fois de plus l’emporter sur l’intérêt de tous, l’intérêt général qui aurait par exemple pu prendre la forme sur cet emplacement de qualité d’une crèche (notre quartier en est dépourvu !), d’une maison des associations (idem !) d’un « vrai » jardin public (encore idem !) ou d’un « vrai » parking de proximité (toujours idem !).
Quoiqu’il en soit, nous voulons croire que si nous ne l’avons pas emporté, ici et maintenant, sur le terrain, nous aurons concouru à faire un peu avancer la réflexion de chacun, et particulièrement celle de tous ceux – vous peut-être qui nous lisez – qui n’étaient pas a priori particulièrement favorables à notre démarche, sur les vrais enjeux d’une vraie politique pour laville de demain et les vrais besoins de notre quartier. Si tel est le cas, alors nous avons perdu oui mais nous avons aussi, un peu, gagné.
« Pour avoir assisté à certaines rencontres sur l’environnement et à des atelierséco-citoyens organisés par la municipalité, je me suis fait quelques réflexions…Lors des séances de clôture de ces réunions nous nous voyons généralementencouragés à acheter des produits de saison, utiliser des ampoules basseconsommation, faire consciencieusement notre tri sélectif des ordures, retrouverl’usage du verre à dents pour limiter le gaspillage d’eau, organiser le co-voiturageou l’autopartage, ressortir nos vélos, mesurer la déperdition d’énergie dans nos
logements et y remédier. Tout cela est certes bel et bon et je suis d’accord qu’il fautbien commencer par un bout…En tout cas ça ne peut pas faire de mal et certainsd’entre nous ont déjà de ces pratiques vertueuses lorsqu’elles ne leur compliquentpas trop l’existence.
Mais après la dernière grand-messe à l’Athénée municipal, et même si certainscitoyens ou certaines associations nous y ont fait des propositions intéressantes, jesuis repartie assez perplexe. Tout cela est-il bien sérieux ?Je veux bien, chez moi, baisser mon chauffage de 2 degrés mais pourquoi doncle foyer d’accueil d’urgence qui vient de se construire au bout de ma rue (foyer duDiaconat, rue Ladous), prévu pour accueillir une cinquantaine de personnes n’a-t-il
pas obtenu de subventions pour intégrer dès le stade de sa conception du solaire ou
de la géothermie ?Je veux bien ne pas manger de cerises en janvier mais j’aimerais bien que les
cantines scolaires proposent à mes enfants des fruits frais, de saison, produits dansles environs et non des trucs durs comme des cailloux transportés depuis perpèteen camions frigorifiques. On pourrait sans fin multiplier les exemples.Si la municipalité veut faire passer un message fort en matière d’environnement,et je ne mets pas sa bonne foi en doute, ce sera plus en ayant des pratiquesvertueuses et exemplaires sur des dossiers importants et visibles dans chaque quartier (et en particulier dans les quartiers qui, comme le nôtre, ne se sentent pasfranchement inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco…) plutôt qu’en réunissantdes gens au cours de grand-messes mises en scène comme des shows télé et danslesquelles on dit « acter » au lieu d’ « agir », pour leur suggérer d’élever des verscomposteurs dans leur cuisine.
La Cour administrative d’appel de Bordeaux vient de confirmer, parun jugement définitf en date du 10 mars dernier, le jugement par lequel le Tribunal administratif avait, en mars 2005, prononcél’annulation du permis de construire de la résidence Sirius (78 logements sur le boulevard Albert 1er) délivré par le maire de Bordeaux. Les juges ont retenu, pour fonder leur décision, ce qu’ilsnomment une « erreur manifeste d’appréciation », ce que vous et moi appellerions une erreur monumentale, une injure faite au simple bon sens…
Extrait : «…l’ensemble autorisé par le permis de construire litigieux est implanté en façade sur la voie publique, dans le prolongement immédiat de maisons d’aspect traditionnel ne comportant qu’un ou deux niveaux d’habitation ; que par son architecture, caractérisée par des toits en terrasse et des formes cubiques, par sa hauteur qui dépasse vingt mètres …., par son important volume et sa couleur blanche, ce projet ne peut être regardé , …., comme compatibleavec le caractère des lieux avoisinants et comme s’intégrant dans le
paysage urbain…»
Et voilà. Des années de bataille juridique pour voir finalement confirmé par la Justice ce que nous avions tenté de faire entendre à nos élus dès 2001 (voir C.A.U.D.E.R.E.S n°5) : la construction de la
résidence Sirius est un élément majeur de la dégradation du paysage urbain de la barrière de Toulouse.
En ce début d’année, des systèmes de détection de franchissement de feux rougesdevraient être installés à Bordeaux. Quoique TV7, des magasines spécialisés et quelquessites internet en aient déjà parlé, un certain flou règne encore.Cinq carrefours auraient d’ores et déjà été choisis en raison de leur dangerosité dontcelui de la barrière de Toulouse. Lorsque ces systèmes seront opérationnels l’équation pourl’automobiliste « distrait » sera on ne peut plus simple : un franchissement au rouge ou àl’orange = 135 euros et 4 points. Après tout, pourquoi pas ? La sécurité routière est un enjeumajeur et la répression des comportements fautifs une nécessité incontestable.
La question du trafic routier sur la barrière de Toulouse sera-t-elle résolue pour autant ?On voudrait – on voudra – nous le faire croire. Mais qu’a t-on fait jusqu’à aujourd’hui ouque compte-t-on faire demain contre le problème de fond qui reste celui de l’augmentationsans fin de ce trafic ? Et contre la pollution que cette croissance entraîne avec son flot deconséquences, en particulier pour notre santé ? L’explosion actuelle du nombre depersonnes souffrant d’affections respiratoires ne se règlera pas à coup de radar. Allez, necompliquons pas les choses… Préparons nos euros, nos points et… gardons le sourire !
Beaucoup d’entre vous nous connaissent déjà. Mais la construction récente deplusieurs résidences importantes autour de la barrière de Toulouse, ajoutée aux traditionnels
déménagements-emménagements, atteste de la vivacité démographique de notre quartier et
pour nous de la nécessité de nous présenter à certains d’entre vous.C.A.U.D.E.R.E.S est une association qui rassemble depuis 12 ans, autour de labarrière de Toulouse, des habitants et des professionnels désireux, hors de toutesconsidérations politiques partisanes, de concourir par leur réflexion et leur action audéveloppement harmonieux du quartier dans lequel ils résident et/ou travaillent chaque jour.
Concrètement, nous souhaitons d’abord :
– favoriser l’installation durable de familles par la création d’équipements collectifs(crèche, espaces verts) et la mise en oeuvre d’une politique du logement appropriée ;
– redynamiser un tissu de commerces de proximité aujourd’hui en perte de vitesse ;
– maîtriser la place de l’automobile et promouvoir les modes de déplacements
« doux » (piétons, vélos, transports en commun).En interpellant les responsables, en leur soumettant des propositions concrètes, ou enengageant, en tant que de besoin, des procédures en justice, nous nous efforçons de faire en sorte que des idées telles que l’émergence d’une véritable démocratie participative ou lanécessaire prise en compte des enjeux environnementaux, ne soient plus seulement desidées dans le vent, ornements commodes et finalement sans conséquences des discours depropagandes électorales de tous bords, mais bien pour nous, ici et chaque jour, les élémentsmoteurs de notre vie locale.
Je sais bien que Mac do ne s’amuse pas à déverser des déchets sur la voie publique ni n’encourage ses clients à le faire mais la différence avec d’autres casse-croûte à emporter emballés d’un papier c’est la diversité et le volume de déchets. Et je n’ai pas remarqué la multiplication des poubelles publiques pas même du côté du CFA, car si Mac Do fait attention aux environs immédiats, à une certaine distance les déchets signés sont bien présents. Et bien qu’en matières recyclables pour certains ils ne sont ni recyclés ni recyclables car souillés ! Marchant dans le quartier j’ai eu le plaisir de rencontrer sur un trottoir un « kit » complet de vente à emporter Mac Do, comme en trouvent certains commerçants en levant leur rideau de fer le matin : un grand verre en carton, son couvercle, une paille, un petit carton à frites, la boîte à hamburger, une serviette en papier, un bol à salade, un gobelet à café, une petite cuillère en plastique, une belle poche avec des anses pour transporter le tout (sali bien sûr !)… Il n’y manquait vraiment rien. Ah si ! Le jouet en plastique. Quel dommage, ça n’était pas mon jour de chance !
25 mars 2008 : les usagers et riverains du bus 22 qui relie Bègles à Bordeaux découvrent que le tracé de
leur ligne a été modifié. Elle emprunte désormais la rue de Bègles et ne dessert plus le boulevard Albert 1er, la barrière de Toulouse, les Cours de la Somme et de l’Yser. Consternation. Colère. Très vite, usagers et riverains de la ligne se mobilisent. La protestation, à laquelle C.A.U.D.E.R.E.S participe activement,
prend une ampleur inattendue, dont les médias se font l’écho et que symbolise une pétition réunissant plus de 5000 signatures. 12 juillet 2008 : le bus est revenu ! On dira : tout est bien qui finit bien. Sans doute. Et cependant, à y regarder de près, cette histoire du 22 ne témoigne malheureusement pas d’un
succès de cette démocratie locale vivante, participative, à l’écoute des citoyens, que nous appelons de nos voeux. Elle rapporte plutôt la preuve que, contrairement aux belles déclarations des uns et des autres rien ne change vraiment sur les bords de la Garonne et que, en l’absence de toute vraie concertation, les citoyens ne peuvent espérer se faire entendre, un peu, de leurs élus qu’en leur parlant très, très, très fort…C’est à la C.U.B., dans le cadre du rapport relatif à la restructuration du réseau de transport
en commun à l’heure de la mise en place de la seconde phase du tramway (c’est-à-dire son arrivée à Bègles) que le sort du 22 fut scellé, à l’unanimité des votants, le 30 mars 2007. Ce jour- là, on aurait été bien en peine de trouver sur l’agglomération un seul citoyen, voire une seul usager, dans la «confidence».
Il est vrai que, cette fois, nos élus n’avaient pas même pris soin d’engager l’une de ces concertations en trompe-l’oeil dont ils ont le secret. Sans doute était-ce plus prudent. Car le citoyen ordinaire aurait eu un peu de mal à établir immédiatement un lien entre l’arrivée du tramway à Bègles et la disparition de son bus dans des rues situées à deux, voire trois kilomètres de là… Le même citoyen aurait pu s’étonner de
constater que la décision de modifier le tracé du 22 se trouvait complètement noyée dans un ensemble plus que copieux comprenant des dizaines de décisions créant, modifiant ou supprimant des lignes de bus ou de tramway… Il y a dans ces drôles de « paquets » que les assemblées (jusqu’à l’Assemblée Nationale) affectionnent une forme d’aberration logique et de permanent chantage au « tout ou rien » exercé sur nos élus. Car comment « bien » voter dans ces conditions ? Comment répondre d’un seul
« oui » ou d’un seul « non » à des dizaines de propositions, artificiellement réunies en une seule ?
Quoi qu’il en soit, c’est à l’unanimité que nos élus approuvèrent les propositions qui leur étaient faites. Cette unanimité n’étonnera pas ceux que plus rien n’étonne ni ne heurte en politique. Les autres – dont nous sommes – pourront tout de même s’interroger : mais comment fonctionne-t-elle donc cette assemblée élue pour aller ainsi, de vote en vote, et d’unanimité en unanimité ? La démocratie locale
consiste-t-elle en l’absence de toute forme d’opposition ? Ne devrait-elle pas plutôt consister en la confrontation pacifique de points de vue différents, voire contraires, mais tous légitimes ? Nos « élus de quartier » représentent-ils vraiment leurs quartiers et ceux qui les ont élus ou ne sont ils plus en réalité que les éléments d’ensembles plus vastes et plus politisés, qui les dépassent et les bâillonnent ? Questions de fond. Alain Moga, conseiller municipal UMP de Bordeaux et aujourd’hui élu à la C.U.B.,
reconnaît donc honnêtement que s’il n’avait pas, quant à lui, voté la suppression du 22, c’est tout
simplement qu’il avait eu la « chance » de ne pas être encore conseiller à la C.U.B le jour du vote.
Nous avons donc gagné. Et nous nous en étonnerions presque… Quand, dans une démocratie, nous devrions considérer cette petite (pas si petite) victoire – le retour du 22, voulu par le plus grand nombre – comme la chose la plus naturelle du monde… Mais trêve de réflexions et à l’heure du succès, venons-en
plutôt aux remerciements d’usage. Merci donc à Madame Michelle Gonthier, septuagénaire enjouée et initiatrice – mais c’était sans le savoir – de tout notre mouvement. Sans elle en effet, sans cette pétition dont elle eut la première l’idée quand nul ou presque ne parlait encore de la prochaine disparition du 22, sans cette formidable envie qui fut la sienne, pour une fois, de ne pas « laisser faire », rien, peut-être
ne serait arrivé. Merci aussi à Guillaume Tallec, patron du « Bistroquet » sur le cours de l’Yser, dont la
colère sut si tôt et si bien se muer en un activisme enthousiaste et utile qu’il apparut très vite comme celui qui devait devenir, sinon le « leader », du moins l’incarnation de notre mouvement. Pas militants ni politiques pour deux sous, Michelle Gonthier et Guillaume Tallec nous auront donné à tous la preuve simple – la preuve par l’exemple – qu’un citoyen ou une citoyenne ordinaire peut, en s’engageant
ponctuellement mais résolument dans la vie de sa cité, faire subir aux égoïsmes et au fatalisme ambiants, sinon une défaite définitive du moins, un vrai petit recul. Merci encore à tous les commerçants de la barrière de Toulouse, du boulevard Albert 1eret du début du Cours de la Somme qui ont soutenu et relayé notre pétition. Merci enfin à toutes celles et à tous ceux bien sûr (5433 personnes précisément) qui nous
ont donné leur signature. Il n’est pas douteux que cette pétition, dont l’ampleur nous a surpris nous-êmes, aura pesé de tout son poids sur le succès final.
Depuis 1994, des habitants se sont regroupés en association pour améliorer le cadre de vie de leur quartier :
– en proposant une » densification humaine » : habitat de qualité avec plus d’espaces verts, plus de parkings, plus de grands logements pour accueillir des familles et ainsi revitaliser le quartier, – en créant un lien social entre les habitants par la distribution d’un journal semestriel et l’organisation de réunions et manifestations, – en réfléchissant aux grandes orientations de l’urbanisme (P. L. U.) au sein des organes de concertation, – en participant aux collectifs d’associations de défense de l’environnement de la C. U. B., – en demandant la réalisation d’une véritable » démocratie de proximité « .