LE COURAGE DE LA GOUTTE D’EAU

Notre société occidentale, endormie dans un confort matériel qui lui semblait infini a tenté d’inventer un monde parfait, une sorte de « paix perpétuelle ». Il n’y aurait plus de grandes luttes idéologiques, de grandes batailles à mener, mais un modèle de développement et un mode de pensée universel qu’il conviendrait d’exporter à la planète entière pour assurer le bonheur des nations.

L’homme aurait ainsi perdu la capacité de se faire entendre, de dire non dans une société de plus en plus aliénée, Il serait devenu « unidimensionnel » comme l’écrivait le philosophe Herbert Marcuse, en 1968.

Or l’histoire récente nous a prouvé que cette volonté d’unification visant à gommer les différences , à éviter les ruptures avait trouvé ses limites que ce soit sur le plan local, national ou international.

De même, les héros de jadis, valeureux guerriers ou puissants de ce monde ne sont plus au hit parade des héros des temps modernes ; L’abbé Pierre ou les pompiers de New-York sont largement en-tête dans les sondages.

Plus étonnant encore, selon une étude sociologique menée en 1999 sur les héros des

jeunes français, il apparaît que ce sont les parents qui sont plébiscités par les jeunes car ils sont capables de tenir bon face aux coups durs de la vie.

C’est le « courage à bas bruit », celui qui se traduit par des actes simples dans un engagement au service des autres sans attente d’une quelconque notoriété. Ainsi, les européens et les français n’ont jamais autant manifesté et signé de pétitions engageant les gouvernements à plus de transparence et à plus de démocratie participative.

La participation de plus en plus importante des français dans l’action associative (40% de nos concitoyens appartiennent à une association) révèle un désir bien réel d’affirmation de soi.

Une même philosophie de la vie se dégage de cet apostolat associatif : espérer dans le plus modeste des efforts sans savoir à l’avance s’il sera couronné de succès.

« Le courage de la goutte d’eau, c’est qu ‘elle ose tomber dans le désert » dit l’écrivain chinois Lao She, et de cette goutte d’eau peut jaillir la vie.

Voici la réponse que nous désirons apporter à tous ceux qui nous interpellent quant à la finalité de nos actions et quant à leurs hypothétiques succès.

Article paru dans le journal Cauderes N°10 (Juin 2004)

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